Renoncer à la culture du tabac pour une meilleure santé
Le Dr Francis Manyinza, clinicien principal à l’hôpital de référence du comté de Migori, dans le sud-ouest du Kenya, n’a pas été surpris lorsque Petalis Ouma, qui a cultivé le tabac toute sa vie, a consulté un médecin pour sa toux chronique et ses douleurs thoraciques qui ne cessent de s’aggraver.
La culture de tabac a des effets néfastes sur la santé des agriculteurs qui touchent et inhalent régulièrement les toxines de la plante favorisant ainsi des problèmes tels que les lésions pulmonaires ou l’intoxication à la nicotine. Mais pour beaucoup de personnes dans les pays d’Afrique de l’Est, qui produisent 90 % du tabac cultivé sur le continent, la culture du tabac est la principale source de revenus.
« Nous savons tous que le tabac est nocif pour nous. Rien que l’odeur me rend malade. Mais c’est la pauvreté. Récemment encore, le tabac était notre meilleur moyen de gagner de l’argent ». – Petalis Ouma, ancien cultivateur de tabac
Cela met de nombreux agriculteurs dans la difficile position de devoir choisir entre gagner leur vie ou être en bonne santé. « Nous savons tous que le tabac est nocif pour nous. Rien que l’odeur me rend malade », dit Ouma. « Mais c’est la pauvreté. Récemment encore, le tabac était notre meilleur moyen de gagner de l’argent. »
En juin 2021, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), en partenariat avec le Programme alimentaire mondial, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, et en collaboration avec le gouvernement kényan, a lancé un programme visant à aider les agriculteurs à passer à des cultures plus durables et à vivre en meilleure santé.
Au cours de la première année du programme, des haricots à forte teneur en fer ont été proposés comme alternative au tabac. Les agriculteurs qui se sont lancés dans la culture des haricots recommandés gagnaient en moyenne 285 dollars US de plus par acre par rapport à la culture du tabac.
Avec l’aide de 80 volontaires formés par l’OMS, davantage d’agriculteurs du comté ont été sensibilisés aux effets nocifs de la culture du tabac et aux possibilités de cultiver d’autres produits. À ce jour, 1070 agriculteurs de Migori ont opéré une transition de la culture du tabac vers la culture des haricots, éliminant ainsi leur exposition constante à cette plante et améliorant leur santé.
Grâce à l’initiative des achats locaux du Programme alimentaire mondial, il existe désormais un marché à long terme pour les haricots à forte teneur en fer dans le comté de Migori. « Ce marché offre aux cultivateurs de tabac de Migori un nouveau moyen de gagner leur vie sans les effets néfastes sur la santé qui découlent de la culture de tabac à forte intensité de main-d’œuvre et très toxique », explique le Dr Abdourahmane Diallo, Représentant de l’OMS au Kenya. « C’est une nouvelle stratégie de lutte contre l’épidémie de tabagisme qui a fait tant de morts. »